Poème : Harmonies inachevées (I)
HARMONIES INACHEVÉES (I)
Ô mon âme ! Que de peine ! … Dans ta chair, dans ton corps,
La douleur est pesante ! Un funeste destin
Telle une ombre alanguie, frappe encor, et encor,
Comme un feu dévorant, et qui point ne s’éteint !
N’auras-tu donc de cesse, d’ainsi me tourmenter,
Dans ce bien sombre exil, où mon cœur en souffrance,
Loin des orbes luisants, erre dans la tour hantée,
Aux confins éthérés de la désespérance ?
Le soleil noir de la destinée est tombé,
Dans un dernier soupir, l’arc-en-ciel a flambé,
Aux bords de l’Achéron, dans les gouffres amers,
Où tu tires mon âme, toi l’horrible chimère !
Regrets du temps passé, des désirs interdits,
Ceux d’une âme troublée par les feux du silence,
Rêvant son Icarie, miroir du paradis,
En volutes de mots écrits tout en nuance,
Narguant les perfidies d’une vie d’illusion,
Portant haut dans son coeur l’oriflamme d’évasion,
L’élégie d’un grand vide, celui de tant d’absence,
Qui marqua pour toujours, celui de son enfance,
Fleurs de la nostalgie, lumière et pureté,
Rendez à cette âme meurtrie, sa liberté !
Dans l’orage du désespoir
Luit un soleil bleu ;
Il peint sur une toile noire
Le silence qui pleut.
Un instant de bonheur, un moment de printemps,
L’éphémère uranie, dans les couleurs du vent,
Porte le souvenir d’une douce musique,
Qui berce encor mon coeur, de son air idyllique !
Paul Stendhal