Archive pour juin, 2013

Poème : Harmonies inachevées (I)

HARMONIES INACHEVÉES (I)

 

Ô mon âme ! Que de peine ! … Dans ta chair, dans ton corps,
La douleur est pesante ! Un funeste destin
Telle une ombre alanguie, frappe encor, et encor,
Comme un feu dévorant, et qui point ne s’éteint !
N’auras-tu donc de cesse, d’ainsi me tourmenter,
Dans ce bien sombre exil, où mon cœur en souffrance,
Loin des orbes luisants, erre dans la tour hantée,
Aux confins éthérés de la désespérance ?
Le soleil noir de la destinée est tombé,
Dans un dernier soupir, l’arc-en-ciel a flambé,
Aux bords de l’Achéron, dans les gouffres amers,
Où tu tires mon âme, toi l’horrible chimère !

Regrets du temps passé, des désirs interdits,
Ceux d’une âme troublée par les feux du silence,
Rêvant son Icarie, miroir du paradis,
En volutes de mots écrits tout en nuance,
Narguant les perfidies d’une vie d’illusion,
Portant haut dans son coeur l’oriflamme d’évasion,
L’élégie d’un grand vide, celui de tant d’absence,
Qui marqua pour toujours, celui de son enfance,
Fleurs de la nostalgie, lumière et pureté,
Rendez à cette âme meurtrie, sa liberté !

Dans l’orage du désespoir
Luit un soleil bleu ;
Il peint sur une toile noire
Le silence qui pleut.

Un instant de bonheur, un moment de printemps,
L’éphémère uranie, dans les couleurs du vent,
Porte le souvenir d’une douce musique,
Qui berce encor mon coeur, de son air idyllique !

Paul Stendhal

Publié dans:Poèmes |on 11 juin, 2013 |Pas de commentaires »

Mercredi 22 mai 2013

Mercredi 22 mai 2013

Depuis quelques jours, il ne dormait plus. Assis devant son bureau, ce mercredi à quatre heures du matin, il lisait et relisait la dernière lettre qu’elle lui avait envoyée. La nuit était froide, et sa vieille veste polaire élimée ne le réchauffait pas. Il se servit un thé. Il aurait voulu qu’elle soit là pour le partager avec elle, rire avec elle, lui dire des mots simples et doux comme cette musique de Mozart qu’il écoutait. Il alluma une cigarette, et s’imagina que s’il avait dû répondre à son dernier mail, il lui aurait dit qu’à force de se persuader d’une chose on finissait par s’en convaincre, et que parfois les fausses certitudes pouvaient conduire un homme innocent à se retrouver accusé à tort, condamné sans recours à avoir « la tête tranchée », et exécuté sans délai ! Sa faute, l’avoir simplement aimée d’un cœur sincère et « pur ».  Il lui aurait dit que sa conviction était devenue pour elle le seul moyen de préserver la confiance des siens, en épargnant le calme et la tranquillité de sa famille, et en sacrifiant la vérité de ses sentiments sur l’autel de l’amour. Il ne lui parlerait pas de sa douleur, ni de l’humiliation de certains de ses propos, ni de la peine qu’il avait ressentie, car il savait qu’il y avait des cas où une femme devait savoir être suffisamment forte quand elle pensait qu’il n’y avait pas d’autre solution. Il lui dirait sûrement qu’elle avait été un peu vite pour ainsi le lâcher en pâture à la vindicte publique et décider de lui adresser ses adieux en lui demandant de ne plus jamais la contacter. Il penserait peut-être que son amour n’avait tenu qu’à un fil et n’était pas aussi véritable qu’elle l’avait prétendu, et qu’il l’avait cru, mais il s’y refusait et se morigénait, car il espérait au fond de lui qu’elle avait été sincère.

Le concerto pour violon avait fini, Thaïs la petite chatte dormait paisiblement sur le lit, dehors le crépuscule du jour prolongeait le silence qui régnait, et seul assis devant son bureau, une cigarette allumée, il était simplement heureux d’avoir passé une heure en sa compagnie, en imaginant la douceur de son souris et la lumière de son regard. Secrètement il se mit à espérer en son cœur qu’elle pensait à lui aussi, et que bien vite elle le lui dirait, en lui racontant l’histoire de ces deux jeunes enfants – allongés côte à côte dans l’herbe du pré parmi les bleuets les jonquilles et les coquelicots au bas de la montagne, les pieds dans l’eau de la rivière où les truites fraient en paix, – regardant voler libres et heureux les oiseaux dans un ciel bleu et ensoleillé, et qui en se donnant la main vivaient un simple bonheur ! Oui, il espérait que bientôt elle aurait envie de le joindre pour partager avec lui ce beau conte, dans la vérité de ses sentiments et la liberté de son cœur. Ce soir, il essaierait de trouver le sommeil, et s’il y parvenait, il savait qu’il rêverait. Dans cet espoir, il voulait « Croire » que quelque part, où qu’elle se trouvait, elle pensait à lui avec autant de sincérité.

Paul Stendhal

Publié dans:Prose Libre |on 2 juin, 2013 |Pas de commentaires »

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