Petite fable en vers : Le crapaud et le corbeau
Le crapaud et le corbeau
Monsieur crapaud se mit à coasser,
Un air en avance sur la saison.
Puis maître corbeau s’en vint à passer,
Sifflant gaiement la belle floraison.
Soudain, l’oiseau posé sur une branche,
Surpris, s’étonna d’ouïr un son grivois.
Et puis il vit en habit du dimanche,
Un jeune et drôle batracien en voix.
C’est alors que l’oiseau, ainsi tant couronné,
Se sentant si flatté, s’en donna à coeur joie,
Que de plus en plus fort, il se mit à siffler,
Se prenant tout d’un coup, pour un grand noble bourgeois.
Et c’est dans la mare que le beau crapaud,
Louant le corbeau posé sur la branche,
Souffla de son mieux dans son bel appeau,
Donnant à son hôte, les coudées franches.
Ah, mon ami, lui dit celui-ci fièrement,
Comme il paraît doux de se baigner dans votre eau !
Mais, même si votre chant est jodlé dignement,
Mes bien belles plumes, préfèrent vous voir d’en haut !
Monsieur crapaud étant quelque peu sourd,
Il n’en saisit que la moitié des mots.
Il crut comprendre que ses beaux atours
Rendaient bien envieux ce maître corbeau.
Mais quand il s’envola, une plume tomba
Sur la vague de l’eau, et se mit à flotter.
Entendant maintenant, son si dur célibat,
Le batracien, de l’Amour, se mit à douter !
Paul Stendhal
05/03/2012